Bloquer la Libra : un consensus européen contre la cryptomonnaie
Vendredi dernier, Bruno Le Maire a annoncé que plusieurs pays européens allaient bientôt prendre certaines « initiatives » pour bloquer la Libra, le projet de monnaie numérique de Facebook.
Une opposition farouche
Pour étayer son annonce de futures mesures visant à bloquer la Libra, le ministre de l’Économie a énoncé les principaux dangers que cette monnaie virtuelle pourrait faire courir aux États. En effet, Bruno Le Maire a clairement fait comprendre que cette cryptomonnaie n’était pas « […] la bienvenue en Europe ». De fait, elle représente même pour lui une réelle menace, car à ses yeux « […] c’est notre souveraineté qui est en jeu. » Ainsi, pour la préserver, la France, l’Italie et l’Allemagne ont décidé d’unir leurs efforts pour contrer le projet de Facebook, voire l’enterrer. Pour cela, Bruno Le Maire va travailler avec Olaf Scholz et Roberto Gualtieri, ses homologues en Allemagne et en Italie, dans le but de contrecarrer ce projet.
Créer rapidement un bouclier juridique
Selon Bruno Le Maire, le fait qu’une entreprise multinationale privée puisse prétendre à une puissance monétaire égale à celle d’États souverains est simplement inenvisageable. Ce, pour la simple raison que Facebook n’est pas « […] soumis au contrôle démocratique, […] c’est-à-dire au contrôle du peuple. » Pour bloquer la Libra, il faut donc créer d’urgence un bouclier juridique. Celui-ci permettra de stopper ce projet de cryptomonnaie. Un point de vue totalement partagé par le G7, le groupe qui réunit les sept pays les plus industrialisés du monde. A savoir, l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et le Japon.
Un trop grand risque systémique pour les Etats
Bloquer la Libra, la cryptomonnaie souhaitée par Facebook, est un plan délibéré de Bruno Le Maire.Face au projet de lancement de la Libra, les pays européens veulent appliquer une stratégie délibérément dure. En clair, en interdisant carrément la monnaie de Facebook. De fait, pour divers ministres des Finances, créer une monnaie mondiale reviendrait à supplanter un rôle qui incombe normalement aux États démocratiques. Ainsi, le lancement d’une telle monnaie internationale reviendrait à interférer dans l’autonomie de ces États. En revanche, tous les ministres des Finances présents au G20 ont accepté le principe de réformer rapidement le secteur bancaire et des services financiers. Ce, afin de simplifier les procédures actuelles des paiements internationaux transfrontaliers. En effet, cela permettrait de les rendre plus rapides et moins chères. En résumé, si moderniser les services bancaires est souhaitable, bloquer la Libra le sera également.
L’avis du FMI
De son côté, le Fonds Monétaire International s’est aussi prononcé contre le concept d’une nouvelle future monnaie virtuelle stable. Pour lui, ce projet de nouveau moyen de paiement n’offre pas pour l’instant d’arguments suffisants pour qu’on puisse lui faire confiance. Par ailleurs, il présente des risques trop importants quant à sa stabilité. De plus, il pourrait menacer la protection de la vie privée de ses usagers potentiels.
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