Rejet de l’obésité : une attitude sociale omniprésente.
Victimes d’une mise à l’écart et de préjugés blessants, les personnes obèses sont régulièrement confrontées à des réactions « anti-gros » qui compliquent beaucoup leur vie quotidienne.
Les discriminations à l’égard des personnes en situation de surpoids touchent de nombreux secteurs, comme l’accès à l’emploi, la pratique du sport, la prise en charge médicale, ou le simple fait d’utiliser les transports en commun. Rappelons que si l’on additionne le nombre de Français touchés par un excès de poids et ceux souffrant d’une obésité réelle, on obtient une proportion de la population qui varie entre un sixième et la moitié. Or les préjugés qui s’associent à l’image du « gros » dans l’inconscient collectif sont loin d’être anodins et le plus souvent négatifs : tendance à la paresse, manque d’énergie et de volonté, incapacité à être efficace… Tous ces a priori, bien que rarement formulés, empoisonnent le quotidien des personnes rondes, voire souffrant d’une obésité caractérisée. En 2015, la Cour européenne de justice a reconnu l’obésité morbide, qui met littéralement la vie d’une personne en danger, comme un réel handicap lorsqu’elle constitue un frein à la vie professionnelle. En matière de recherche emploi, une étude menée par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et le Défenseur des droits a révélé que les femmes obèses étaient huit fois plus discriminées que les autres. Pour les hommes obèses, ce pourcentage clivant est moindre. Il s’élève néanmoins à trois fois plus de difficultés à trouver du travail. Selon cette même étude, l’apparence physique est le deuxième critère après l’âge susceptible d’engendrer une discrimination. Il intervient après celui de l’âge, et avant celui de l’origine et du sexe.
Pour lutter contre l’ostracisme qui touche les personnes victimes de surpoids, un rejet global qui a été baptisé « grossophobie », la Ville de Paris a récemment lancé, le 15 décembre, une campagne d’information destinée aux Parisiens, afin de les sensibiliser aux difficultés habituelles rencontrées par les « gros ». À cette occasion, Anne Hidalgo a présenté une après-midi de rencontres et de tables-rondes, au cours desquelles des psychologues spécialisés, des sociologues et des militants appartenant à des associations anti-discrimination ont pu échanger sur leurs expériences respectives. Cette après-midi de rencontres s’est conclue par un défilé de vêtements destinés aux personnes fortes, imaginés par cinq jeunes créateurs. Par ailleurs, la Ville de Paris a fait en sorte de sensibiliser le ministère des Transports sur les difficultés rencontrées par les personnes en surpoids. Cet événement, intégré à une « Semaine parisienne de lutte contre les discriminations », sera suivi d’une campagne d’informations réalisée en Île-de-France. Celle-ci comprendra des affichages et des brochures distribuées dans les établissements municipaux. De plus, des actions de sensibilisation seront menées dans les collèges, auprès des personnels médicaux travaillant avec la Ville, et dans le service Ressources Humaines de la Mairie, pour faire en sorte que les recrutements se déroulent de façon plus équitable.