L’échange risque d’être difficile lundi en fin d’après-midi à Matignon entre Manuel Valls et les deux nouveaux présidents de Corse, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, qui a qualifié la France de « pays ami ». Il n’y a pas de prisonniers politiques. Un statut de résident pour les Corses, sur le plan fiscal ?
C’est contraire à la République », avait jugé le Premier ministre. Quelques jours plus tard, dans Le Parisien/Aujourd’hui-en-France, M. Valls avait également écarté toute « nation corse ». Il est hors de question de revenir là-dessus », avait-il assuré.
Le 18 décembre, lors de son premier entretien téléphonique avec M. Simeoni, M. Valls avait toutefois promis un « dialogue serein, constructif et apaisé » avec la Corse, où le Front de libération nationale corse a déposé les armes en 2014. Comment concilier les positions politiques? Invité de France Info lundi matin, M. Talamoni a affiché son souhait d' »imposer » des « relations apaisées entre la Corse et Paris ».
Signant au passage une phrase polémique, en qualifiant la France « de pays ami ».
– La France, « pays ami » de la Corse - »Aujourd’hui la question est d’imposer des relations apaisées entre la Corse et Paris. » « La France est un pays ami et nous ne tenons aucun propos provocateur vis-à-vis de qui que ce soit », a-t-il ajouté.
M. Talamoni, qui a retiré le drapeau français et la photo de François Hollande de son bureau d’élu à Ajaccio, avait toutefois indiqué à Libération la semaine dernière qu’il n’était pas question de déposer une motion pour l’indépendance car « il n’y a pas de majorité à l’heure actuelle pour la voter ».
Les deux nouvelles têtes de la Corse veulent également entendre de la bouche du chef de Manuel Valls que le processus engagé pour la mise en place de la collectivité unique de Corse sera poursuivi sans coup de canif dans le calendrier. La création de cette collectivité, prévue pour le 1er janvier 2018, prévoit la fusion de la collectivité territoriale avec les Conseils des deux départements corses (Corse-du-Sud et Haute-Corse). La question du trafic maritime et de la SNCM, ainsi que l’état « catastrophique » des finances locales corses devraient également être évoqués. La rencontre devrait enfin être l’occasion d’évoquer les violences de Noël à Ajaccio, qui avaient suscité l’inquiétude de l’exécutif.
Spontanément, une partie des manifestants qui protestaient contre l’agression de policiers et de pompiers le soir de Noël à Ajaccio s’étaient retournés contre ceux qu’ils jugeaient responsables de ces violences. Aux cris de « les Arabes dehors », ils avaient saccagé une salle de prière musulmane dans un quartier populaire peuplé pour moitié d’immigrés, suscitant une condamnation générale.